Le rubis traité au verre au plomb (glass filed)
8 janvier 2013
(Photos à venir suite à un petit bug)
Il existe déjà sur le Web de nombreux articles sur ce type de matériau. Les publications dans les revues gemmologiques vont bon train également. Mais il est vrai que la grande quantité de rubis traités au verre au plomb rencontrée sur le marché nous a incité à contribuer à ces mises en alertes successives. Les traitements par adjonction de verre sur les corindons font suite aux premiers traitements opérés sur les diamants.
Lors
de l'exploitation minière, l'extraction offre de nombreux rubis
pierreux ne pouvant atteindre la qualité gemme. Ces rubis se présentent
plein de fissures et ils sont essentiellement opaques. On offre pourtant
à ces matériaux non désirés dans le commerce de la joaillerie une
nouvelle vie depuis un certain nombre d'années. Ils seront taillés et
n'auront pas manqué de subir un traitement d'enjolivement non stable
dans le temps. Il s'agit des fameux rubis "glass filed", c'est à dire
des rubis traités au verre au plomb. Lors du congrès de la CIBJO tenu à
Tel Aviv en 2013 il a même été question de "heavily glass filled rubies", c'est à dire de "rubis fortement traité au verre au plomb". La dénomination du Laboratory
Manual Harmonization Committee (LMHC) pour le terme plus approprié de
"produit ou matériau manufacturé/composite" a été approuvée.
Et
ce terme désormais attribué se devra également d'être systématiquement
divulgué au consommateur (comme pour le cas des saphirs ainsi traités).
Reste à souligner que cette dénomination "fortement" (lourdement) ne
fait pas de distinction sur les quantités de verre au plomb injectées
dans le rubis. Meilleur prix du rubis fortement imprégné de verre au
plomb trouvé au carat : : 0,99 $ le carat en Thaïlande (fin 2012).
Le
traitement dont il est question, consiste, pour commercialiser coûte
que coûte ces rubis, à injecter du verre au plomb depuis les nombreuses
fissures de surface. Le verre au plomb a deux avantages : il fond vite
et le plomb augmente l'éclat du verre "incorporé" pour mieux le faire
disparaître dans la masse. Mais le plomb, très malléable par nature,
rend le verre plus tendre et il en résulte une différence de dureté sur
les sites d'entrées potentiels (fissures) dans le rubis avec parfois une
différence d'éclat plus ou moins marquée.
De
plus, la lumière qui traverse ce matériau de remplissage, n'atteint pas
la même vitesse que lorsqu'elle traverse du corindon. Déjà, avec une
loupe de grossissement 10x et en tournant la pierre sous un bon
éclairage, des flashs lumineux violets (et parfois orangés) se
produisent dans la pierre. De même, on trouve très souvent de nombreuses
bulles d'air qui ont été emprisonnées au moment de l'injection du verre
au plomb dans le rubis. Une fois que le matériau a refroidi, les bulles
y restent et sont souvent très visibles juste avec une loupe 10x.
Du
fait de la température de fusion du verre au plomb, le travail d'un
artisan sur ce type de matériau peut vite tourner à la catastrophe si la
détection du traitement n'a pas été faite en amont. En effet, le verre
au plomb n'aura pas la même température de fusion que celle du rubis. Le
matériau de remplissage pourrait bien ainsi s'extraire (liquéfaction)
de la pierre lors d'un simple travail de routine (mise à taille d'une
bague par exemple)… La température de fusion du plomb étant très basse
(320°C).
Les images ci-dessous traduiront mieux ces observations.
Photo 1

Photo © Gem' Expertise
On
distingue en surface de nombreuses fissures comblées par le verre au
plomb : au polissage, le verre au plomb, plus tendre que le rubis subit
plus de pression, ce qui se traduit ici par
des figures de dépression en surface. Parfois on observe même les
stries de polissage dans ces zones qui parcourent la Pierre.La
surface irrégulière visible sur cette photo traduit implicitement des
différences de dureté et donc que l'on a affaire à différents matériaux
(ici du corindon (rubis) et du verre au plomb).
Photo 2

Photo © Gem' Expertise
Toujours en surface,
cette image montre les nombreuses fissures et la surface irrégulière qui
doit dans ce cas, appeler à la plus grande prudence. On devrait
normalement s'attendre à une surface polie parfaitement plane. Ces
fissures sont "exploitées" afin de permettre le passage du liquide de
remplissage (verre au plomb) jusqu'à leur plus grande profondeur. En se
refroidissant, le verre au plomb comble les fissures et les fait
finalement disparaître.
Photo 3 :

Photo © Gem' Expertise
La pierre présente des lignes visibles perpendiculairement aux flèches bleues. Ces lignes illustrent
ce que l'on nomme des plans de mâcles (directions de croissance
alternée dus à des stress par exemple lors de la genèse du cristal). Ces
zones plus fragiles sont envahies par le verre au plomb et on le
détecte sur l'illustration par la couleur violet-bleu irrégulièrement
répartie, n'ayant pas lieu d'être ainsi.
Photo 4 :

Photo © Gem' Expertise
Observation d'une grosse
bulle d'air dont l'épaisseur du contour trahit sa nature différente à
celle du cristal hôte. La vitesse de circulation de la lumière est
différente dans la bulle par rapport à celle du rubis.
Parfois,
les bulles d'air ne sont pas parfaitement sphériques, elles peuvent
être étirées et prendre des formes plus complexes et trompeuses.
Photo 5 :

Photo © Gem' Expertise
Mise en évidence de la
couleur bleu-violet qui se produit par flashs, lors de la rotation de la
pierre sous un bon éclairage. Ici, fort grossissement avec prise de la
photo sous un polariscope en filtres croisés pour bien les souligner.
En lumière artificielle (tungstène), les flashs de couleur orange peuvent mieux se distinguer. Néanmoins, avec un double éclairage, lumière naturelle et artificielle, on peut distinguer les 2 couleurs de flashs attendues dans ces matériaux traités.
Photo 6 :

Photo © Gem' Expertise
En lumière artificielle (tungstène), les flashs de couleur orange peuvent mieux se distinguer. Néanmoins, avec un double éclairage, lumière naturelle et artificielle, on peut distinguer les 2 couleurs de flashs attendues dans ces matériaux traités.
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